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Faire résonner l’histoire: le pouvoir du Capitaine Crochet!

Bonjour les écrivains! ^-^

J’aimerai vous présenter aujourd’hui la botte fatale du Capitaine Crochet. Si si, c’est le nom de la méthode du jour 😉 En pratique, voici la suite et fin de la saga sur la fiche personnage (enfin, ma vision de la fiche personnage ! Je vous invite à développer la vôtre) Le but de cette série d’article est de voir comment rendre nos personnages crédibles et faire en sorte qu’ils soient passionnants. Nous avons déjà vu comment:

  1. Dévoiler la pépite de votre personnage: utilisez un détecteur de métaux!
  2. Rendre vivant un personnage: faire pousser la graine!

Après avoir creusé pour trouver la pépite: les conflits intérieurs et les besoins inconscients de votre personnage, nous avons vu  comment leur donner vie. Tout ça c’est bien, mais il reste une grande question: comment cela apparaît dans le roman? Comment extraire de notre grosse fiche personnage des éléments pour l’histoire? Cette étape est facultative pour les jardiniers (i.e. les allergiques aux plans). Typiquement, un Stephen King ne s’amusera jamais à formaliser tout cela. Il se contente de connaître ses personnages et de les observer se démener avec le monstre. Mais certains cerveaux aiment planifier un minimum (nos amis les architectes). Et pour cela nous utiliserons le pouvoir du Capitaine Crochet!

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Le principe alchimique

Qu’est-ce qui captive un lecteur? Certains nous disent, c’est l’intrigue. D’autres parlent de suspense. Pour ma part, depuis deux articles, je vous rabâche les oreilles avec les besoins inconscients de votre héros. Quel est le point comment de toutes ces bestioles? Le pouvoir de la question. J’avais adoré l’image que donnait Christopher Vogler, un script doctor des studios Disney. Il fait remarquer qu’un point d’interrogation mis à l’envers a une forme de crochet. Il est là pour nous accrocher. Voilà! vous avez compris d’où vient mon titre farfelu 😉

Blague à part, les questions d’intrigue comme: «Qui est le meurtrier?» «Est-ce que la blonde va survivre?» «Est-ce que Rambo va désamorcer la bombe ou faire péter la planète avec?» «Est-ce que le milliardaire va passer la jeune héroïne un peu cruche mais super bombasse dans son lit?» Ce sont des interrogations qui s’adressent à notre cerveau rationnel ou à nos émotions. Elles ont un grand pouvoir assurément. Cependant, il existe des questions qui viennent nous accrocher encore plus bas. Oui, encore plus bas que le slip comme dirait Desproges… Je ne parle pas des pieds!

Certaines questions se plantent directement dans notre cerveau d’être humain primitif qui ne cesse de se demander: Qui-suis-je? Où vais-je? Dans quel état j’erre? (notez le jeu de mots 😉 En fait, il n’y a pas si longtemps, pas même une heure à l’échelle de l’évolution, nous vivions en tribu. Nous étions incapable de survivre seuls et l’exclusion de la tribu signait notre arrêt de mort. Être capable de nous adapter au groupe, de comprendre les autres, de s’en faire aimer — surtout des chefs — était une question de survie. Pour notre cerveau primitif, cela l’ait encore, il change pas vite le bestiau.

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C’est pour cela que les questions qui ont trait aux pensées profondes des personnages et à leurs capacité d’évolution sont si importantes. C’est à cela que nous servent les histoires au final. À comprendre comment nous devons nous comporter avec les autres et ce qui se cache derrière le masque qu’ils nous laissent voir. C’est une question de survie.

C’est pour cela que je crois dur comme fer qu’un roman dont les personnages ne sont pas assez travaillés n’est qu’une coquille vide. Et c’est pour cela que je vous ai fait lire trois articles sur la fiche personnage …

La recette alchimique

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Donc, nous avons bossé nos personnages, comme des chiens même. C’est bien beau mais que faire de tout cela? Il faut le traduire en scène ou mieux, en situations dans lesquelles nous pourrons jeter notre héros d’abord, et les autres personnages avec lui! Car bien sûr le héros est au centre de tout mais cela n’empêche pas de creuser un peu les autres personnages. Attention toutefois à ce qu’un second rôle n’éclipse pas le héros. C’est lui le portail qui permet au lecteur de se projeter dans le roman 😉 Je vous dis cela car en ce moment le compagnon de mes héroïne a tendance à éclipser la demoiselle (ils sont toujours tellement complexes ces bêtes là…). Or, c’est elle le héros, non mais! Girl Power!

Étape 1: Connaître ces questions qui accrochent le lecteur

À partir de ce que vous avez appris sur votre héros, nous allons essayer de pousser le lecteur à se poser des questions. Cela se fera peut-être naturellement si vous le connaissez bien. Ses réactions, ses actes, ses mots, reflèterons ce qu’il est dans toute sa complexité et ses mystères. Et si vous ne commettez pas l’erreur de dire à la page trois que Monsieur le héros est méchant avec les femmes car il a manqué de câlins enfant, normalement, son problème se verra et naturellement, le lecteur se demandera tout seul:  «Pourquoi est-il aussi méchant?». Tout le jeu est de «montrer» le personnage qui réagit dans une situation, pas de raconter le pourquoi du comment avant même que le lecteur se soit posé la moindre question.

Donc, il faut montrer il parait. Comment? Il existe des événements qui vont pouvoir servir de “catalyseurs” car ils forceront le personnage à soulever un bout de son masque. Certains catalyseurs, peut-être pas très forts, peuvent être placés en début de roman. Ils nous permettront juste de visualiser comment il réagit, de susciter la curiosité et d’ouvrir la patte du Capitaine Crochet. D’autres, plus forts, nous permettront de comprendre pourquoi il réagit ainsi.

Voici quelques exemples de questions que vous pouvez ouvrir concernant votre héros:

    • Pourquoi le héros agit ainsi?
    • Qu’est-il arrivé dans son passé pour qu’il soit ainsi?
    • Va-t-il comprendre ses limites?
    • Va-t-il réussir à les surmonter?

Attention toutefois: éveiller la curiosité c’est bien, choquer le lecteur avec un comportement incohérent, c’est mal! Si votre héros est un sociopathe, commencez peut-être par le montrer en train de mentir. N’attaquez pas direct par la scène de torture du mignon chaton de la maison.

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Enfin, c’est possible aussi. Tout est dans l’intention que vous mettez et le résultat que vous voulez obtenir 😉 Il faut juste savoir ce que l’on fait, puis le tester. N’hésitez pas à faire relire votre histoire à l’étape du plan pour voir si elle marche!

Étape 2: Lister ces éléments qu’on peut ressortir dans l’intrigue

Comment pourra-t-on répondre à ces questions que se posera le lecteur? Avec la backstory! La vérité n’est pas ailleurs, elle est dans le passé… (si vous n’avez pas connu les X-files, vous ne comprendrez pas ma blague, arf!)

Voici quelques exemples de backstory qui trouveront facilement leur place à un moment de l’histoire:

  • Scène qui illustre le personnage
  • Blessure profonde jamais guérie
  • Moment où il était le plus heureux
  • Scènes pendant laquelle s’est créée sa vision du monde (erronée 😉
  • Choix clefs de son passé qui ont déterminé ce qu’il est devenu et la vie qu’il mène actuellement…

Étape 3: Faire le point sur ce que le héros fait ici

C’est peut-être aussi le moment de se demander ce que notre héros fait dans l’histoire, non? Par exemple, on peut se demander:

  • Ce qu’il veut consciemment (normalement, on a traité ça plus haut dans la fiche personnage 😉
  • Ce qui l’aide à atteindre son but (ses traits de personnalité ou ses alliés)
  • Ce qui le freine (ses traits de personnalité ou ses ennemis)
  • Jusqu’où est-il prêt à aller pour atteindre son but? Remarquez, là, vous risquez d’être surpris pendant la phase d’écriture 😉

Étape 4: Ces moments où le héros sera forcé de s’interroger

Bien évidemment, tous ces moments volés à votre fiche personnage ne font pas un plan. Au stade où j’en suis de mes expérimentations, c’est cette étape qui me donne mon plan. Je ne dis pas que cela doit être le votre! Juste… C’est tellement important pour moi que ça guide mes histoires. Et puis, je suis dans ma période Lisa Cron et c’est d’elle que j’ai volé toute ces idées sur la progression du personnage. ^-^

Alors posons-nous la question à cent points: «Comment va-t-il changer?» «Quel est son arc de transformation dans l’histoire?» C’est lié à l’autre question à cent points évoquée dans l’article précédent: «Comment le soigner?».

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Au-delà du fait que l’histoire va nous dévoiler ce qui se passe derrière le masque, elle va forcer notre héros à changer pour s’adapter au méchant monde dans lequel il vit mais aussi pour être plus heureux. C’est pour cela que je parle de le soigner.  Pour cela :

  • Identifiez les moments clefs de la progression psychologique de votre héros.
  • Essayez de visualiser l’état initial de votre héros et son état final. En quoi a-t-il changé ? Est-ce-visible dans ses actes ?
  • Quels sont les situations — présentes dans votre histoire si possible — qui, jetées à la tête de votre héros, le forcent à se confronter à son conflit intérieur/ombre/besoin inconscient et le pousseront à faire un choix qui va le changer ?
  • Pouvez-vous établir une progression dans ces choix et situations ? De la plus facile à la plus difficile en terme d’émotions ou en termes « d’effort de volonté ». Jusqu’à son épiphanie. Ce moment d’intense émotion où votre héros change à jamais.

Voici l’aboutissement de la fiche personnage selon moi. ^-^

Bien sûr, il faudra mêler cette progression à votre intrigue pour trouver les situations en question (vous savez le méchant qui tue la bombe et la blonde qu’il faut désamorcer?). Sauver le monde n’est pas une fin en soi. Ce n’est qu’une série de péripéties qui auront un impact sur le vrai moi de votre héros. Enfin, c’est ce que je crois.

L’article commence à être long. Je n’irais pas dans le détail des exemples mais vous les trouverez dans le chapitre 3 du livret gratuit! Récupérez-le ici.

À vos plumes!

un stylo plume sur une feuille couverte d'écriture
422737 / Pixabay

Si je devais vous demander de vous focaliser sur un seul point, ce serait sans doute cette dernière étape. J’aimerais donc que vous reveniez sur une histoire où vous en êtes à l’étape du plan, ou à défaut, sur une vieille histoire. Demandez-vous quelles sont les scènes qui poussent votre personnage à s’interroger et peut-être à changer? Y-en-a-t-il déjà?

Voilà! C’est la fin de ma saga sur la fiche personnage. ^-^  Je ne vous dis pas que je n’en écrirais pas d’autres! Je teste toujours et modifie tout le temps ma façon de faire, à vous de créer la vôtre!

Et n’hésitez pas à me contacter si vous voulez des conseils plus personnalisés ou que je traite une question précise dans un article! Contactez-moi ici…

Bonne chance à vous dans vos projets! ^-^