Hello les écrivains!
Aujourd’hui, je vous propose une méthode simple et efficace pour écrire une nouvelle en quinze jours. Je l’appelle la technique du «Jeté de chat dans l’eau» car, à un moment, il faut se mouiller! N’ayez pas peur de vous faire griffer 😉

Vous souhaitez participer à des appels à textes ou des concours de nouvelles mais vous n’avez pas le temps? Vous voyez toujours les concours trop peu de temps avant la dead line? Vous ne finissez jamais à temps car vous avez sous évalué la charge de travail?
Kss… Pas d’excuses. Si vous pouvez consacrer à l’écriture entre une et deux heures par jour et un peu plus les jours fériés, vous pouvez écrire une nouvelle en deux semaines. Je le sais, je l’ai fait pendant des mois, alors vous aussi vous pouvez le faire. On parie? Lisez et testez, vous verrez. ^-^
Le principe alchimique
Je me suis lancée en 2016 dans un marathon « 10 nouvelles en un été ». C’est-à-dire du 30 mai au 30 septembre, si je m’étais fixée sur le calendrier de Mère Nature, j’aurais dû écrire 10 nouvelles en 10 jours! Bref, j’ai dû écrire avec des dead lines de 15 jours par nouvelle, avec un emploi salarié à 40heures par semaine à côté.
Ce fut un gros stress pour finir mais aussi pour recommencer après chaque marathon, toujours à deux doigts d’abandonner. J’ai fini par me forcer à faire quoi qu’il arrive. J’ai fini par comprendre que ce qui nous empêche de rendre une nouvelle dans les temps, ce n’est pas la montre, c’est le doute et ce méchant cerveau procrastinateur. Celui-là, je l’appelle Gaston. Nous allons voir comment mettre une claque à Gaston avec une méthode très simple et efficace d’écriture de nouvelles. Pour cela, nous allons jeté le chat de Gaston à l’eau.

La recette alchimique
Dans cette série de trois articles, on parlera de comment vite et bien créer un univers et donner vie aux personnages (ép. 1, celui-ci) puis écrire son plan (ép.2). On verra comment se plonger dans l’écriture puis se corriger (ép. 3).
J’utiliserai comme exemple deux nouvelles: celle du concours Georges Sand écrite sans douleur, et celle de l’appel à textes « Réalités » de la maison d’édition Realities Inc. Celle-là, j’en ai accouché dans la douleur (20Kmots quasiment un roman). Mais chacune m’a pris 15 jours.
Si vous en êtes au stade de l’idée et que vous ne savez pas du tout quoi écrire, je vous conseille de lire le premier paragraphe de cet article (la technique d’évitement) puis d’aller faire un tour sur ces deux articles:
- Si vous êtes du genre à écouter Muse murmurer: https://ecrivain-alchimiste.fr/creativite-sur-commande/
- Si vous êtes du genre à vouloir gagner à tout prix: https://ecrivain-alchimiste.fr/nouvelle-1-strategie/
Ce n’est pas grave si votre idée est vague à ce stade, l’important est d’approfondir votre idée. Nous verrons plus tard comment lui donner une forme et surtout, comment trouver une chute 😉
Ceci étant dit, jetons le chat à l’eau!
Étape 0: La stratégie d’évitement
Avant de nous lancer dans le cœur du sujet: «comment créer un monde en un temps record pour une nouvelle?», j’aimerai juste vérifier avec vous s’il n’y a pas moyen de s’éviter tout ce travail (je suis fainéante ;). Donc une petite question:
- Avez-vous un univers fétiche? Une saga en cours? Un univers de roman laissé dans les cartons car vous n’avez pas le temps de l’écrire?
Dans des temps très contraints, il est parfois préférable d’écrire sur notre monde super archiconnu sur lequel on travaille depuis dix ans. Cela permet :
- De limiter la phase de recherche amont
- De déjà bien connaître ses personnages
- D’approfondir le passé d’un de nos personnages et d’enrichir l’histoire principale
- D’avoir un petit contenu à mettre en ligne pour les fans de la série
Tout bénéf quoi ! ^-^ C’est donc ce que je m’étais promis de faire pour survivre à ce marathon de l’été : du recyclage.
«Oui mais bon, c’est chiant… Et j’ai plein d’idées !» Vous avez reconnu Muse 😉

Exemple sur mes nouvelles:
Dans mon cas, pour l’appel à textes de Réalités, Muse a eu la soudaine envie de faire de la Dark Fantasy. Or, je n’avais aucun univers de dark en stock. J’ai donc jeté le chat à l’eau et créé un monde de toute pièces! En 15 jours… Et voici la méthode qui m’a permis de limiter mes doutes et d’optimiser mon travail.
Étape 1 : Connaître le genre et chercher l’idée, 3 heures
Sous-titre: La pirouette pour retomber sur ses pattes (cf. la métaphore du chat qu’on jette dans l’eau ^-^)
J’ai commencé par chercher de l’information sur le genre dans lequel je voulais me lancer. Pour cela:
- Faites un tour sur Wikipédia en tapant le mot clef du genre. Le but n’est pas connaître la définition d’un style littéraire mais de trouver ce qui fait kiffer ses lecteurs. Que recherche le lecteur de ce genre? Qu’est-ce qui le fait kiffer?
- Trouvez un pote qui est à fond sur le thème et ayez une brève discussion avec lui en demandant notamment: «Pourquoi tu lis ce style?» «Quel genre de personnages tu aimes?» «Qu’est-ce qui différencie ce genre d’un autre?»
- Réfléchissez aux histoires de ce genre que vous connaissez et demandez-vous ce que vous avez aimé en elle?
N’y passez pas trop de temps où ce serait de la procrastination!
Exemple sur mes nouvelles:
Dans mon cas, j’ai découvert qu’une histoire de Dark était au-delà du bien et du mal, qu’elle suscitait des questions sur la vie, avait tendance à être plus crue et que ses héros étaient souvent marqués par les épreuves. Et là, ma muse est tout de suite partie sur l’archétype du gars de 40 ans, qu’a tout vu, perdu sa famille et qui a des cicatrices plein le dos, genre le mec expert au combat mais qui se désintéresse du sort du royaume, jusqu’au jour où…
STOP ! Alerte au cliché ! c’est l’heure de gloire de Casse-Petons, alias le cerveau rationnel:

Si c’est un thème nouveau pour vous, il est probable que vos premières idées soient clichées. N’hésitez pas à lâchez la bride de votre cerveau gauche pour qu’il mette une claque à Muse. Dans mon cas, elle est repartie dans une autre direction, plus manga celle-là. J’ai eu cette envie d’appliquer la définition à un enfant avec une notion totalement fuckée du bien et du mal. Par exemple, un enfant élevé par des démons. Et d’emblée, j’ai vu se dérouler sous mes yeux l’univers terrible du Ramayana, l’histoire épique et cruelle des légendes Hindi.
Étape 2 : Créer l’univers, 5 jours (week-end compris)
Sous-titre: Repérer le terrain
Donc, on en est là : J-15 et j’ai eu cette décision stupide de me lancer dans un univers complexe avec un double effet kiss-cool : il faut imaginer, mais on ne peut pas inventer n’importe quoi! En effet, avec le Ramayana, on parle de la culture millénaire d’un peuple. La règle de base d’un monde de fantasy est d’être méga cohérent sur les détails. Avec la mythologie, il faut rajouter une couche de crédibilité en s’inspirant de l’existant. Donc, une montagne de travail m’attendait qui m’a pris quasi une semaine, oui, la moitié du temps! Le plus long n’est pas d’écrire…
Exemple sur mes nouvelles:
Un problème auquel je ne m’attendais pas est que les informations sur l’Inde antique sont parcellaires sur le net. D’ailleurs, j’ai eu un problème similaire avec ma nouvelle du concours George Sand sur le Berry. Oui, on trouve l’histoire du Ramayana, de l’information sur les dieux et les grandes espèces de démon. Mais de là à savoir ce que mangeait les esclaves de la cité d’Ayodhya, s’il existait des tavernes, à quoi ressemblaient les maisons, comment ils s’habillaient, etc. C’est la croix et la bannière. J’ai galéré à trouver les éléments dont j’avais besoin pour donner corps à cet embryon d’histoire qui me trottait en tête mais que je ne voulais pas encore formaliser et je tenais la bride serrée à Muse. Je vous expliquerais plus tard pourquoi.

Pour aller plus loin, le seul moyen, c’est d’affiner encore et encore les recherches avec des mots clefs de plus en plus précis et savant, si possible en anglais. Le but est d’aller chercher de plus en plus loin jusqu’à arriver dans les livres académiques. Et là : Google Books est votre ami. Il ne faut pas hésité à aller piocher dans les vieux ouvrages desquels on ne peut pas faire de copiés collés. Tant pis, on recopie! A ce stade, l’information est si dure à trouver qu’il faut tout rapatrier dans un seul fichier que l’on peut par exemple ordonner ainsi :
- Lieux
- Habits
- Vie/castes
- Légende
- Démons
- Pouvoirs
Gardez les liens au cas où, mais je ne vous conseille pas trop de tabler sur le fait que vous approfondirez un point plus tard. Perso, en plein process d’écriture, quasi en transe, je n’ai pas envie de tout stopper pour retourner éplucher un horrible bouquin mal scanné par Google. Donc je recopie tout, je fait des bullets points, je copie colle des images, les images sont terriblement importantes. Vous n’aurez plus qu’à décrire!
Puis ordonnez le tout avec des titres et des sous titres facilement accessible depuis la fenêtre navigation de Word. Bon d’accord, c’est old school et nombre d’entre vous diront : « Hé Ho ! Y’a Scrivener ». OK, je testerais un jour mais qu’importe le flacon pourvu que l’info soit directement accessible au moment où on en a besoin!
Une fois que la matière brute est rapatriée, essayez de lui donner forme humaine en vous posant des questions du type:
- Quel est le principe indémontrable qui régit mon univers (ex. la magie existe)
- Qu’est-ce que cela implique sur la vie quotidienne, les lois, les coutumes, etc.
- Comment ces lois peuvent être transgressées…
Pour aller plus loin dans la création d’univers, vous pouvez consulter cet article:
Étape 3 : Créer les personnages, 2 jours
Sous-titre: Le premier contact avec l’eau
Bon, on est à J-9 ou un truc du genre. Vous remarquerez que jusqu’ici, je n’ai pas parlé de plan, et je n’ai surtout pas l’intention d’en parler avant… on verra si le moment vient. Jusqu’ici, nous avons creusé des embryons d’idées à travers l’univers. Ce travail d’archéologue sert surtout à trouver les personnages. C’est l’heure de les créer maintenant. Attelez-vous à vos fiches personnages.
Le problème est que vous ne pourrez pas créer des fiches détaillées pour tous les personnages apparaissant dans l’histoire. Dans une nouvelle assez courte, il vaut mieux ne pas multiplier les personnages et les lieux. Je vous conseille de faire les fiches complètes des deux personnages principaux. Pour les autres, contentez vous de vous demander en quoi ils résonnent avec le confilt intérieur du héros ou avec le thème de votre nouvelle. En fonction de cela, listez les grands choix, les actions, les événements qu’ils déclencheront. J’ai déjà fait l’erreur de passer des personnages secondaires sous silence et c’est eux qui vous cassent une histoire 😉
Exemple sur mes nouvelles:
J’ai passé un peu moins d’une journée pour chacun de mes deux persos principaux. Ç’aurait été un roman, je me serais tapée tout le pays. Mais je l’ai payé par la suite car un personnage a manqué de volonté et un autre au contraire en avait trop 😉 on en reparlera 😉 Donc, j’ai donné une journée par personnage. J’applique la méthode d’Elizabeth George croisée avec la méthode du Flocon. La base pour créer un personnage c’est :
- De s’immerger avec une musique ou des images qui lui ressemble ou de son univers
- D’y aller par pallier, de partir du thème de l’histoire puis de son passé et de creuser de plus en plus jusqu’à atteindre le plus important : que veut-il sans en avoir conscience ? Qu’est-il prêt à faire pour atteindre son but ?
J’ai une fiche toute faite, écrivez-moi un message si ça vous intéresse. Pour aller plus loin dans la création de personnages:
À vos plumes!

Comme d’habitude, on va faire un exercice car connaissance non appliquée est à moitié oubliée 😉 Alors choisissez-vous un concours de nouvelles ou prenez celui sur lequel vous travaillez déjà:
- https://ecrivain-alchimiste.fr/salons-concours-at
- http://www.epopees.fictives.fr/
Puis, si vous n’avez pas d’idée, cherchez en une:
- Si vous êtes du genre à écouter Muse murmurer: https://ecrivain-alchimiste.fr/creativite-sur-commande/
- Si vous êtes du genre à vouloir gagner à tout prix: https://ecrivain-alchimiste.fr/nouvelle-1-strategie/
Maintenant, travaillez au moins votre univers et votre héros. Essayez de creuser au moins l’un des deux. Un univers bancal sera pardonné par des personnages criant de vie et vice versa. Un personnage creux pourra être compensé par un univers riche et puissant. Le mieux est d’avoir les deux bien sûr 😉 Vous pouvez aussi utiliser ces techniques pour creuser votre univers existant.
Voilà pour aujourd’hui! Nous avons vu les étapes préliminaires pour préparer votre nouvelle vite et bien. Pour la suite, il va falloir donner une forme au chaos! Nous allons étudier la préparation de l’intrigue dans l’épisode 2:
Écrivez-moi ici si vous voulez des conseils plus personnalisés ou que je traite une question précise dans un article! Et pour en savoir plus sur la plume et le retravail d’une histoire, n’hésitez pas à télécharger mon livre: «Comment polir son roman pour en faire un diamant».
Bonne chance à vous dans vos projets! ^-^
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