Quel auteur n’a jamais pris un commentaire déplorable sur Amazon et qui lui semblait vraiment, mais vraiment, injustifié? Vous savez, lorsque un lecteur a détesté ce que vous avez fait mais qui « objectivement » est quand même obligé de vous mettre des étoiles car c’est « pas si pire si on aime le style ». Résultat, un commentaire désastreux mais noté 3 étoiles, c’est-à-dire la catégorie de commentaires la plus lue… Catastrophe ! Et non, pour passer cette amère pilule, il ne suffit pas qu’un copain nous tape dans le dos en disant: «on ne peut pas plaire à tout le monde». Oui, même si notre histoire n’est pas objectivement mauvaise, même si elle est bonne, il est impossible de plaire à tout le monde. Certes. Mais comment trouver son style et sa lectrice idéale, notre Alice à nous:

La première étape est de comprendre ce que nous faisons, de trouver son style, tout simplement. Je vous propose une petite méthode simple pour trouver son style, savoir qui on est et pour qui on écrit: la classification P3i. Vous allez comprendre ^-^
Le principe alchimique pour trouver son style

On ne contrôle pas toujours ce que l’on écrit, un roman est comme un démon que l’on exorcise, une pépite qui palpite en nous et qui a besoin de sortir de nos tripes pour voir la lumière. Oui, comme Alien. Plus joliment, comme dirait Victor Hugo: «Une fois que l’enfant a poussé son premier cri, il est né, le voilà, il est ainsi fait, père ni mère n’y peuvent plus rien, il appartient à l’air et au soleil, laissez-le vivre ou mourir comme il est» .
Le laisser mourir? Hors de question. Nous avons besoin de le vendre, de le faire connaître. Cela aussi c’est viscéral. Il n’y a pas de mal, mais, sauf exception, l’écrivain a besoin d’être lu. C’est ainsi. Nous avons besoin de trouver notre lectorat. Un ami écrivain et pas mal marketteur sur les bords (Jef Dubeau, si vous lisez l’anglais et que vous aimez le space opéra ou le fantastique) m’a dit un jour : « aussi étranges que soient tes livres, ils possèdent forcément une audience quelque part. Mais il faut la trouver. » Donc, première leçon de marketing du livre:
«Votre lectorat existe quelque part mais il faut le trouver.»
Et pour le trouver, il faut le définir. Il faut VOUS définir. L’important est de trouver qui on est, à qui l’on s’adresse, de trouver son style, puis de s’adresser à notre lectorat. On est ce que l’on est, et la bonne nouvelle, c’est qu’on le restera, succès ou pas.
La recette alchimique pour trouver son style

Avant propos moraliste
Avant de trouver son style, commençons par écrire avec vérité et passion sans chercher à écrire pour vendre. Bien sûr, tout le monde ne sera pas d’accord mais je crois à l’authenticité et je ne prends pas grand risque. Il y a de fortes chances que ceux qui écrivent pour satisfaire un plan marketing ne traînent pas sur mon blog. Tenter de plaire à tout le monde est la meilleure façon d’écrire ce que j’appelle « de la soupe » – un truc insipide, que tout le monde peut avaler mais dont personne ne raffole. Alors je ne vous conseillerai pas d’écrire pour vendre mais d’écrire pour sortir ce qui est en vous (l’alien qui a besoin de voir le soleil). Après seulement, il sera temps de réfléchir à ce que vous avez pondu.
Maintenant, il est temps de comprendre ce que l’on a écrit et nous trouver nous-même. C’est ce que je commence à faire de façon pragmatique sur mes écrits très différents. Voici la liste de questions à laquelle je suis arrivée pour comprendre mes romans. J’appelle ça la classification P3i pour Prose, Intrigue, Intention et Imaginaire.
Quel est votre type de Prose?
La plume est le facteur premier de décrochage d’un lecteur. Votre prose est :
- Lapidaire et facile d’accès : phrases courtes, mots qui vont à l’essentiel, le style mitraillette américain.
- Déliée et riche : phrases parfois complexes, descriptions détaillées et effets de styles, la prose du 19ème
- Graphique et orientée action : description pour créer des images, beaucoup de dialogues, univers télévisé/BD-manga
- Onirique: Prose poétique, très métaphorique, parfois rimée qui génère des images issues d’un rêve
Quel est votre style d’Intrigue?
Trouve son style ne consiste pas uniquement à comprendre comment on arrange les mots les uns après les autres. Le style d’intrigue est important aussi. C’est ce qui vous anime et vous branche et peut franchement rebuter votre voisin :
- Empathique : Liée au ressenti du héros, aux relations entre les personnages
- Structurée : Nombreuses sous intrigues pour traiter d’un thème décliné en sous thèmes, univers riche et détaillé
- Percutante : Enchaînement d’actions vers un climax, une explosion de sensations (Avec la déclinaison « Emmanuelle » ou « Rambo » ^o^)
- Mystérieuse : Construction de suspense, mise en attente de questions, révélations
Quelle est votre Intention?
Le cœur d’une histoire n’est pas fait de mots ou d’intrigue. Cela vient de plus profond (de nos tripes, souvenez-vous, alien vient de là). Bref, trouver son style passe aussi par comprendre ce que vous cherchez à transmettre quand vous écrivez :
- Sensitive : Ce qui compte c’est de faire ressentir quelque chose physiquement: thriller ou horreur, érotique ou romance, course poursuite ou accomplissement de soi…
- Interrogative : Utilisation de l’histoire et des événements pour interroger le lecteur : mises en abyme et projections empathiques dans des systèmes de pensée différents
- Initiatique : Tout est basé sur la croissance du héros, son passage à l’âge adulte, sa progression psychique, tels les mythes et contes de fée
Quel est votre moteur d’Imaginaire

La dernière composant pour trouver son style est de comprendre ce qui nous anime, nous pousse à écrire, nous porte:
- Genre de l’imaginaire débridé : souvent fantasy ou fantastique mais pas que, mondes oniriques hauts en couleurs et en inventions
- Genre de l’imaginaire scientiste : souvent SF et anticipation, uchronie et steampunk mais pas que. Univers basé sur une science ou une magie, une logique intrinsèque déclinée de façon logique
- Genre ancré dans la réalité (présent, passé ou même futur) : souvent polar et drame, recherche de vérité que ce soit sociologique ou sur les personnages
- Genre réel ou imaginaire fantasmé : Peu importe la cohérence et la crédibilité, ce qui compte c’est… au choix : les émotions, l’action, le mystère, la peur…
- Genre expérimental : Recherche de ce qui n’a jamais été fait, ce qui perturbe : Boris Vian est un bon exemple, même les règles de la physique en prennent un coup avec lui.
Un peu d’eau dans le sirop
Bien sûr, c’est impossible de rentrer à 100% dans des cases et un bon roman comportera toujours de nombreux éléments bien dosés mais on aura toujours une préférence, une prédominance dans ce que l’on fait et ce que l’on lit. Trouver son style, c’est aussi comprendre en quoi nous sommes uniques! Deuxième leçon de marketing:
«Trouvez en quoi vous êtes unique!»
Mais cela est une autre histoire que nous aborderons dans un autre article.
Enfin, cette classification n’est qu’une proposition ^-^. Je serais heureuse d’avoir d’autres idées en commentaires!
À vos plumes pour trouver son style

Alors l’exercice du jour sera:
- Quel genre d’écrivain êtes-vous ?
- Dans quelles cases de P3i se range (plus ou moins) votre dernier livre ?
De mon côté, mon premier roman, « Les Larmes du Dragon » se range bien sûr dans les catégories :
- De la Prose lapidaire à l’américaine ;
- D’une Intrigue percutante : linéaire et qui enchaîne l’action
- Avec une Intention clairement initiatique de montrer des héros qui grandissent
- Dans un univers à l’Imaginaire débridé voire, fantasmé, qui ne repose pas sur une grande cohérence (-_-)
Plus généralement, j’ai créé trois lignes éditoriales:
- Romans manga (Ghaan Ima): une prose graphique, une intrigue percutante, une intention quête initiatique à l’imaginaire très riche
- Techno-thriller (Ghaan Ima): une prose lapidaire, une intrigue orientée suspense et mystère, une intention d’interrogation, un imaginaire scientiste
- Geek Romance (mon autre pseudo): une prose déliée (relativement au genre de la romance), une intrigue orientée empathie et relation entre les personnages, une intention sensitive mais également initiatique et un imaginaire ancré dans la réalité.
Et vous? Quel est la «classe» de chacun de vos romans? Arrivez vous à dégager une ou plusieurs ligne éditoriale?
Je vous propose de voir la mise en application marketing dans un prochain article 😉
Bonne chance à vous dans vos projets!
Signé: L’Écrivain Alchimiste
En attendant le prochain article, écrivez-moi ici si vous voulez des conseils plus personnalisés. Et pour en savoir plus sur la plume et le retravail d’une histoire, n’hésitez pas à télécharger mon livre: «Comment polir son roman pour en faire un diamant».
Bonjour et merci Ghaan pour cette excellente idée qui peut vraiment aider lecteurs et auteurs à mieux se rencontrer. Je me suis prêté à l’exercice grâce à toi et j’ai publié mon “style” sur mon site SF Zone.
ah super je le mets là, je sais pas si ça apparaît!
https://www.sf.zone/style-ecriture/
merci de t’être prêté à l’exercice!
^-^
du coup j’ai été visiter ton site, une vraie SF zone! cool! n’hésite pas à offrir une petite nouvelle gratuite sur ton site, et une gratuite par email pour donner envie aux gens de découvrir ta plume ET de s’abonner 😉
bonne continuation!